Célébration de la Journée nationale de l’enseignant : quel bilan après plus de trente éditions ?
Le 23 mars de chaque année, la communauté éducative nationale célèbre la Journée nationale de l’enseignant. Une journée durant laquelle plusieurs activités sont exécutées à travers le pays, à l’instar de celles menées cette année sous la houlette du ministre de l’Education nationale, madame Leclerc. Cependant, plus de trente ans après la toute première célébration en 1992, suite à la mort en martyr de Martine Oulabou, l’on voudrait bien s’interroger sur les avancées dans le secteur de l’éducation, et le bilan qui pourrait être fait par rapport aux multiples attentes du personnel enseignant.
Institué Journée nationale de l’enseignant au Gabon, le 23 mars de chaque année nous rappelle la date de la commémoration de la mort par balle de Martine Oulabou. Une enseignante tuée pour son engagement dans la défense des droits de sa corporation.
C’est donc en partie en souvenir de sa mort, en hommage et en reconnaissance de son combat que la communauté éducative nationale se réunit à travers le pays pour communier et mener des réflexions autour du métier qui est le leur. Enseignant, cette noble profession, qui, au Gabon, semble être mise à rudes épreuves, au regard du traitement peu reluisant accordé à ses derniers, a en croire à leurs témoignages.
Toutefois, comme chaque année, l’édition de 2023 a été célébrée, avec la particularité qu’elle a connu un engouement singulier, avec la présence des leaders syndicaux, des enseignants et de leur tutelle.
Tous ensembles, ils ont célébré cette journée avec un chronogramme d’activités bien ficelé. Notamment la pose d’une gerbe de fleurs sur la tombe de feue Martine Oulabou, la célébration d’une messe de circonstance, l’organisation d’un match de gala, d’une soirée et des débats télévisés.
Cependant, au-delà de tout ce protocole, plusieurs enseignants se posent encore la question de savoir, le bien-fondé de cette journée si, malgré les trois décennies de célébration déjà consommées, les choses semblent stagner ou encore s’empirer.
En effet, depuis 1992 à aujourd’hui (2023), soit 31 ans déjà, on note encore que la communauté éducative continue de dénoncer et de subir les mêmes manquements qui auraient pu être réglés depuis des années.
Des conditions de travail aux traitement social acordé aux enseignants, rien ne serait assez élogieux. On retrouve encore des établissements d’enseignement avec des effectifs pléthoriques (plus de 80 élèves par classe) et plusieurs enseignants qui totalisent plus d’une décennie sans rappel solde. D’aucuns sont sans salaire depuis 4 à 5 ans, avec le seul et “miserable” statut de présalarier, pendant que d’autres sont assis à la maison, vivotants en attente d’affection depuis 2021.
C’est le cas de plus de la moitié des enseignants sortis de l’École normale supérieure (ENS) en 2019 et qui sont toujours en attente de mise en solde, y compris une partie de la 2020. Quant aux deux dernières promotions, dont 2021 et 2022, elles sont assises en attendant désespérément de se faire affecter.
“30 ans passés, que célèbre t-on si les mêmes problématiques sont posées, les mêmes difficultés ressurgissent et sont très mal vécues par les enseignants!” s’est exclamé M. Patrick M, enseignant de SVT dans un lycée de Libreville.
Ainsi présenté, cette journée du 23 mars de chaque année, au-delà des discours et du festifs, devrait avant tout être une journée de réflexion et de bilan dans le secteur éducation. Ce qui permettrait à tous les acteurs de ce département de s’arrêter et mesurer le chemin parcouru, en termes des résultats escomptés, et celui qui reste à parcourir.
H.L
